Mémoire d’un voyageur
De Jean-Paul Bréziat <JP.BREZIAT@wanadoo.fr> à: long.guideduvietnam@gmail.com
Ce texte n’a été relu qu’une seule fois… Comprenez en les imperfections…
Depuis notre retour, je songe souvent à ce pays plein de lumière, à son joli ciel bleu, à ces collines malmenées de rizières en terrasses.
Du tumulte de la ville à la sérénité du pays profond, j’aime à me rappeler ces contrastes qui ont illuminé notre voyage.
Le Vietnam nous a séduit. Les filles y sont si belles aux regards amandes. Peut-être est-ce pour ça que les garçons ont le sourire si prompt?
Tant d’images me restent encore, qui s’entrechoquent et se bousculent. J’ai donc choisi de refaire par l’écrit ce voyage exceptionnel.
Christophe, par la rigueur de son organisation et sa précision sans faille a été d’un grand confort pour nous, si son flegme rassurant, nous sécurisa en permanence, si loin de chez notre maison. Long, notre guide, a été un pédagogue et un communicateur extraordinaire. Les amis du groupe ont également largement contribué à une quinzaine formidable en convivialité et en chaleur humaine. Je pense également aux Loisy contraints de nous quitter pendant le séjour.
Cam on à tous.
Un regret : ne pas avoir pu partager ces moments avec ceux que j’aime.
JP.B.
OUH LA LA CHEZ LES VIETS ! :
JE ME RAPPELLE :
VENDREDI 20 AVRIL :o
. …On l’attendait depuis presqu‘un an ce moment.
Comptant soigneusement les derniers jours et rêvant notre périple à venir…
Finalement il a fini par arriver : Le jour « J ».
Deux réveils matin en chaine pour ne pas rater l’heure : 3h.45 précise. A 4h. 25 je suis chez Gilles, à 35, chez les Lombard à 4h.45, heure précise, place de l’école à Châteaurenaud.
Ouf ! j’avais tellement peur de rater le départ.
Le bus: et c’est parti ! On ne sait pas encore vraiment ce qui nous attend, mais c’est parti! Quelques heures après : Roissy, terminal 2 E pour y retrouver Christophe au rendez-vous, juste en face de la boulangerie « Paul ». Christophe and his family : Tu-Za, et ses deux enfants Sam et Antoine.
Enregistrement, salle d’embarquement, derniers «allos !» en Bresse, Sylvie, Paul, Papa, derniers sas de contrôle, on voit notre oiseaux bleu «Vietnam airline n° VN A324» qui nous attend. Un léger repas sur le pouce, les estomacs sont serrés, on mange peu. Puis embarquement. Coup de chance, nous sommes quelques-uns à avoir un billet «incohérent» transformé en billet 1ere classe, avec des espaces plus vastes pour étendre les jambes et un accueil plus «classe». Ce n’est pas encore pas la «classe affaire» mais c’est mieux que la «classe touriste»… Une petite heure de retard à l’envol, et un voyage de 11h., commencé avant la nuit par un diner: saumon, riz etc. Puis c’est la nuit dans les étoiles. Quelques heures de sommeil intermittent jusqu’au petit matin, où le p’tit déj. Nous réveille: œufs brouillés, saucisses, haricots, café etc. A la télé nous optons pour les gags de caméra-cachée: Marcel Béliveau
Le personnel est à notre service. Les hôtesses sont magnifiques dans leur «hao-dai»typique. Une photo? Elle me sourit gentiment. Puis c’est la descente vers Hanoï. Et là, commence vraiment notre séjour.
C’est parti !
SAMEDI 21 AVRIL :
Dès l’aéroport, on ressent très nettement la différence de température : 30° environ et environ 100°/° d’humidité. Christophe s’occupe des formalités, récupération des bagages, on change des euros en dongs: 50€ = 1000000 d.
Long le guide, est là pour nous accueillir et nous amener vers le bus. On perçoit déjà, dès le premier contact que ce type est à l’aise et qu’il peut se créer des atomes crochus rapidement avec nous. C’est déjà chaleureux.
On arrive à Thien-Thaï-Hôtel pour un p’tit déj. sympa, puis rapidement on doit mettre une tenue plus légère car on est déjà tous en sueur…
Pas question de perdre son temps, on prendra possession des chambres tout à l’heure :
C’est parti pour le temple de la littérature : 5 sites à visiter. Commentaire détaillé de notre guide qui nous apparaît très documenté sur notre culture, n’hésitant pas à faire des parallèles avec nos usages, notre système scolaire ou notre littérature. C’est déjà très intéressant. Les 5 êtres mythiques du Vietnam : le dragon, la tortue, la licorne, le phénix et un dernier( ?) servent d’égérie pour ce haut lieu de la connaissance : le temple du Mont de Jade, passage obligé de tous les lettrés et étudiants en visite à Hanoï. Confucius n’est pas un dieu, le confucianisme n’est pas une religieux mais une philosophie. Commentaire sur l’équilibre entre le Yin et le Yang, le savoir, les stèles réservées aux élites puis sur l’animisme.
Après cette première visite, nous partons pour notre diner au restaurant. Accueil en Français par le vieux tenancier des lieux. Repas musical avec achat des premiers souvenirs, une petite roulette à masser est négociée 35000 dongs. Là, il faut manger avec les baguettes, c’est un jeu d’apprendre à les utiliser, coincées entre les trois premiers doigts… la suite nous montrera qu’on aura tous fait de bons progrès d’un repas à l’autre…(Remarque : on ne mange pas la soupe avec les baguettes !)
Retour à l’hôtel pour y prendre possession de nos chambres, la douche est bienvenue, ainsi qu’une petite heure de repos.
15h.15, on est en retard avec Gilles et on se fait déjà remarquer…On repart pour la visite du musée de l’ethnographie, qui nous donne un avant goût de ce qu’est une ethnie, leur histoire et leur coutumes respectives. Le Vietnam est composé de 54 ethnies, mais les Viets constituent la plus importante. Vietnam signifie les hommes qui marchent vers le sud. Long nous fait à nouveau une présentation très intéressante et impressionnante sur le thème de la comparaison des cultures.
Le diner se passe à notre hôtel : 8 lignes au menue, avec des mets absolument délicieux, puis dodo. On n’a pas de mal à s’endormir, jusqu’au petit matin, décalage horaire oblige.
DIMANCHE 22 AVRIL :
8 H. 30, j’émerge, groggy, après une nuit de sommeil lourd.
Petit déjeuner en vitesse car les copains ne nous ont pas réveillé et il sont déjà presque prêts, on se fait «encore» remarquer !. Le bus est là pour aller au temple de l’épée restituée, mais avant, on a droit à une heure de pousse-pousse très agréable d’où l’on découvre quelques aspects insolites de Hanoï.
Le lac de l’épée restituée se rapporte à la légende selon laquelle une tortue d’or aurait remis à l’empereur Thaï-to une épée magique pour combattre les Chinois. Une fois la paix revenue, la tortue a voulu récupérer son bien et a disparu à jamais dans les profondeurs de ce lac où, selon la légende elle demeure toujours.
Long nous étonne, il a le don d’expliquer les choses en liant le factuel, le conjoncturel et le structurel. Il y a du Fernand Breudel dans « La Méditerrannée » dans chacune de ses explications. Le sait-il ?. En même temps, il est capable de déclamer V. Hugo ou Voltaire dans le fil de son discours, sans donner l’impression que c’est «tamponné» Du grand art je vous dit !
Les coutumes Vietnamiennes sont vivantes et empruntes de logiques sages. On ne célèbre pas les anniversaires de naissances mais ceux des décès, mais on verra ça dans la suite…
L’après-midi, après un succulent repas, on visite le mausolée d’Ho Chi Minh, où Long nous fait un nouvel exposé historique, enrichi par quelques questions pertinentes de son auditoire, « sans tabous » comme il dit, qui obtiennent toutes une clarification précise. Les Vietnamiens vénèrent l’Oncle Ho. Il est le Libérateur et le Père de la Patrie, ici, on lui voue un véritable culte. Nous visitons sa maison où l’on peut voir son bureau sa chambre et ses différents lieux de vie. Le parc lui-aussi ne manque pas d’intérêts avec des arbres magnifiques et historiques, la maison du gouverneur. Puis nous repartons pour le théâtre de marionnettes sur l’eau : Spectacle original, accompagné d’un orchestre typique, les 10 petites historiettes sont plutôt faciles à comprendre, Chu Teu, le héros, repique son riz, puis son buffle se bat avec celui du voisin, ça leur donne l’occasion de discuter et de boire un coup ensemble…mais là, plusieurs d’entre nous découvrent les affres du décalage horaire…On lutte contre le sommeil!
Retour à l’hôtel pour une douche avant le restaurant où l’on est bien attendus.
LUNDI 23 AVRIL :
7h. ! Debout !. On prend connaissance des résultats des élections en France. On n’est pas fiers que certains coins de Bresse aient voté massivement pour le Front National.
Le p’tit déj. puis, près 2h. 30 de bus, la Pagode des parfums nous accueille avec son odeur caractéristique. Il fait toujours aussi chaud mais le temps est légèrement pluvieux, ce qui nous oblige, prévoyants, à acheter des petites capuches en nylon (que nous n’utiliserons même pas!). Puis c’est la première balade en barque de plus de 2h qui nous mène jusqu’ à la pagode. Nous la visiterons après le repas froid. Les larges et précises explications de Long nous permettent de mieux comprendre la philosophie bouddhiste qui enveloppe les orientaux d’une sagesse dont on ferait bien de s’inspirer. La journée est très chaude (40°) et très humide, c’est un peu dur à supporter, aux premiers gestes les t-shirts sont trempés, il faut boire beaucoup pour compenser. Les barques sont toujours ramés par des femmes. Ce lieu est un lieu de pèlerinage pour les Vietnamiens et l’on voit, aux échoppes et aux restes de la consommation, qu’une foule importante est venue. Maintenant c’est la fin de la saison, il reste les restes… La saleté, la pollution et… les odeurs.
2h. de bus sur une route en chantier rendue assez difficile, nous permettent de nous étonner une fois de plus de la façon locale de circuler. Yves essaie de prendre en photo un troisième camion qui double de front, trop tard ! c’est fait…
Ninh-Binh et l’ hôtel Xuan-Hoa est une affaire de famille. Le grand propriétaire et toute sa famille nous accueillent chaleureusement. Le spectacle de notre arrivée est d’ailleurs assez pittoresque et partout on assiste au même scénario : Une « vigie » surveille et attend, lorsqu’elle voit arriver le bus, elle ameute tout le monde, et c’est alors comme dans une fourmilière chacun arrive en courant sur le pont, devant l’hôtel pour nous accueillir sourire au lèvres et bras ouverts.
L’apéritif au saké est bien animé par Long, le karaoké de vieilles scies yé-yé nous donne l’occasion de rire de chanter et de danser puis la fondue au repas fait merveille.
Le soir, pas besoin de nous bercer :Dodo !
MARDI 24 AVRIL :
A quelques encablures de Ninh-Binh: Hoa-Lu est l’ancienne capitale du Vietnam. Nous visitons ses vestiges et ses temples sous une chaleur intense. Une nouvelle foi Long nous présente son pays avec beaucoup de passion, il nous explique longuement l’histoire géologique de la région, l’affaissement limoneux qui a mis à jour les fameux monticules karstiques de la baie d’Halong terrestre, (Ils sont de même nature que ceux de la baie maritime).
Après la visite, une petite rando. s’organise pour rejoindre le bus à travers la campagne. C’est l’occasion pour nous de découvrir la vie paysanne et naturelle, hors des circuits touristiques. Le calme est imposant et contraste violemment avec le brouhaha de Hanoï. Nous marchons sous le cagnard, entre 36 et 40°, mais cette balade.
est vraiment très agréable et apparemment appréciée par tout le groupe.
Repas puis, on prend des vélos pour se rendre en 20 minutes environ au fond de la baie, où nous attend une nouvelle pagode dans laquelle fut tournée une scène du film « Indochine », Catherine Deneuve y met au monde un enfant sur la natte, alors que dehors il pleut…film à revoir car j’ai oublié cette scène!
La balade en bateau nous permet entre autre de découvrir ces fameuses formations karstiques unique au monde. C’est merveilleux ! Il faut que je dise à David de venir… Au retour nos « batelières » nous proposent quelques emplettes, auxquelles nous ne pouvons pas nous soustraire tant elles sont sympas avec leurs petites voix douces et finalement persuasives… 1 nappe=25€, 1 chemin de table = 5€ et un t-shirt pour Paul 5€.
De retour en vélo au rendez-vous du car, le magnifique petit marché local nous donne l’occasion de nouvelles découvertes avec des photos intéressantes. Les étales sont vraiment typiques et très intéressants et les ananas exquis.
Puis c’est le retour au l’hôtel à Ninh-Binh, douche, puis dégustation (si on peut dire) de la liqueur de cobra = deux superbes najas baignent dans un bocal de liquide et on est « chargés » de goûter ça ! chiche!
La vie des Vietnamiens se déroule en grande partie dehors, ce qui engendre une agréable convivialité entre voisins. La maison est très étroite. Le prix élevé des terrains à bâtir, fortement taxé depuis l’invasion Chinoise, impose des constructions plutôt en hauteur. Ces maisons n’ont qu’une devanture, elles sont borgnes sur tout l’arrière, la vie se déroule surtout en terrasse, et on ne rentre derrière que pour dormir, donc il n’est pas besoin de fenêtres. Souvent, le haut de la maison n’est pas terminé, il montre un balcon avec une terrasse absolument plate : En cas de besoins (agrandissement de la famille par exemple) ou d’arrivée d’argent, on ajoute ainsi facilement un étage supplémentaire à la maison. Le balcon est déjà fait…
MERCREDI 25 AVRIL :
Quand on voit tous ces fruits préparés avec soins, ces ananas (pinapples) écorcés et sculptés avec soins, on se dit que tout cela est fait avec une machine… Eh bien non! Tout est préparé à la main avec art et dextérité, accroupi, à la méthode Vietnamiène, c’est à dire assis sur les talons. Cette position caractéristique est permise par une anatomie adaptée, les Vietnamiens ont en effet, presque tous un récurvatum, ce qui leur permet dans cette position, d’avoir la cuisse et le mollet parallèles. C’est pour eux une position confortable. Je me dis que si un occidental de plus de 60 ans prenait cette position plus de 5 minutes, il devrait être rapatrié d’urgence et déplié sous anesthésie générale…
Les p’tits déj. sont toujours abondamment fruités, finalement on mange peu de légumes hormis le riz, mais énormément de fruits. Ils sont si beaux et si appétissants…
8h. 30 après quelques clichés de la vente des poissons de la mare face à l’hôtel, le car reprend la direction de Hanoï.
On passe une bonne partie de la journée dans le bus, à se prélasser Ça discute beaucoup. Les commentaires vont bon train.
Le soir, à notre arrivée à Hanoï, repas dans le calme d’une rue… Il faut crier pour se faire entendre. On a retrouvé Tu-Za qui mange avec nous et confie Antoine à son père pour toute la fin du voyage. Puis on se prépare pour le train du soir qui nous conduira vers Lao-Caï. La gare est impressionnante est le train qui nous attend particulièrement long. On verra plus tard que c’est un TGV : un « Train à Grandes Vibrations » comme nous le dit Long… La vitesse ne doit pas excéder 100 km/h. Ce train est en fait un prolongement du transsibérien qui va de Moscou à Vladivostok , et il va jusqu’ à Saïgon par Pékin et Hanoï. Cependant certains tronçons tendent à être remplacés peu à peu par l’avion, et l’exploitation commerciale devient difficile ; ce qui ne l’empêche pas de connaître un beau succès entre Hanoï et Sapa. Caractéristiques : chaque wagon est privé et peut appartenir à une compagnie différente, ce qui occasionne des conditions de voyage et des prix différents, et même un confort propre à chaque wagon. Les noms des compagnies apparaissent sur chaque wagon. Dans les cabines de quatre couchettes, nous sommes accueillis par quelques fleurs, un petit en-cas avec des bonbons et le matériel de toilettes. Il ne reste plus qu’à nous coucher et à attendre le lendemain…
Pendant ce moment, je repense à une conversation avec Christophe au sujet de l’accueil qui est réservé à certains d’entre nous. Les Vietnamiens sont tous assez petits (Long se classe parmi les grands) tous bruns, jamais obèses et glabres. Il ne faut donc pas s’étonner que quelques fois, on se trouve invités à poser pour une photo, notre taille, notre début d’embonpoint et quelquefois notre système pileux font envie. Donc les filles aiment à se faire photographier avec un «butin»…Quelquefois également, on nous touche la barbe ou le ventre avec un petit signe d’admiration qui nous réjoui…Mais ne nous y trompons pas : En tout bien tout honneur !
C’est ainsi que Christophe à séduit Tu-za : il est de bonne taille, un bon p’tit ventre et il est blond, ce qui est aussi une bonne valeur…Donc c’est un bon parti pour une Vietnamienne.
Le train s’ébroue et après une bonne nuit, bercée nous nous retrouvons au petit matin à Lao-Caï, pour embarquer dans le bus qui nous conduira à Sapa.
JEUDI 26 AVRIL :
30km d’ascension à plus de 10°/0 nous conduisent de Cao-Laï à Sapa, station touristique de montagne installée par les colons Français, désireux de passer quelques jours hors de la chaleur moite du bas pays. Sapa est le pays de l’ethnie Hmongs, et le comité d’accueil nous fait bien comprendre que le touriste est un atout commercial. Avec leur voix si douce leur regard et leur gentillesse, ces femmes nous font craquer : « t’achètes à moi !, Regarde : fais par mes mains !, T’appelles comment ? etc. » et elles s’accrochent, nous suivent, sans agressivité, toujours avec douceur mais avec une ténacité incroyable. Comment ne pas fondre ? Malgré les conseils de Christophe, on les écoute, on engage la conversation et, bien souvent on craque… Elles s’accrochent, même pendant plusieurs kilomètres « Moi ! ta copine, t’as des enfants, ? Combien? » Leurs hommes, eux, travaillent ailleurs, dans les rizières les chantiers ou sur les motos, où ils attendent le client de leur moto-taxi. Alors : se faire violence et se forcer à avoir une attitude détachée et ignorante. C’est le conseil de Christophe, mais c’est dur pour nous. Alors on craque encore…
Installation à Holiday Hôtel, puis visite de Sapa aux milles couleurs, qui grouille de marchands, de trafic et de touristes. Le marché typique vaut son pesant de petits Hmongs… Tous les prix sont a discuter, on doit marchander jusqu’ à moitié du prix indiqué, c’est le jeu pour le vendeur et pour le consommateur, on ne s’en prive pas.
Cette après-midi, rando vers la cuvette de Cat-Cat, terre des Hmongs. Un paysage incroyable, de rizières en terrasses, beaucoup de photos et des autochtones si caractéristiques, avec leurs habits richement décorés et tellement colorés. En descendant on découvre des traditions de travail, et quelques instruments de musique sont essayés. Au fond de la cuvette, une cascade magnifique, fleurie, contraste avec un chantier de construction d’un barrage: les pierres et le ciment sont amenés à mains d’hommes, l’ambiance au travail est impressionnante.
La remonté s’effectue en motos, et c’est bien rigolo!
Le soir, les Loisy doivent nous quitter car Maman Odette est décédée, l’affaire est rondement menée, il nous quittent en 30mn environ, mais cette malchance provoque un malaise dans le groupe, les yeux sont rouges, et l’ambiance est un peu cassée. Dorénavant le groupe sera boiteux. Au repas du soir des larmes coulent, et on a bien du mal à se donner un sourire de façade. Cette déconvenue oblige Long à remonter le morale de la troupe. « Mot- Aï-Ba-Yo ! » et le verre de saké est ingurgité cul-sec « ça veut dire 1-2-3-Allez !... » On a bu pas mal, on a chanté, on a fait des bans Bourguignons, à la fin du repas, tout le monde avait retrouvé, avec l’alcool, un peu de gaité. Long était bien éméché… Pour le retour à l’hôtel, on a attendu à la sortie du restau, mais Christophe et Long sont restés, pour prolonger un peu la soirée avec des copains…Heureusement, après vérification, l’abus de saké ne provoque ni mal de tête, ni gueule de bois le lendemain…
VENDREDI 27 AVRIL :
Le petit déjeuné se déroule dans un décor extraordinaire, sur la vallée de Cat-Cat.
Long a déjeuné en face de moi ce matin. Après la soirée d’hier où il avait « diné liquide ! », Il a très faim me dit-il. Un verre d’eau, une petite assiette de légumes, une cuillerée de riz… Un plantureux p’tit-déj quoi !…Naturellement nous avons le temps de discuter un peu tous les deux pendant ma soupe, mon œuf au plat, ma crêpe-banane-miel, quelques frites, mon café-tartines, du fromage et deux ou trois fruits. Il m’a regardé ingurgiter tout ça, curieusement…
Il m’a dit que le chasseur de serpent d’hier…: 3 belles bêtes de plus de 2 mètres cherchait à les vendre aux restaurateurs. C’est très apprécié. Moi, j’en ai pris un en photo, c’est déjà pas mal !
Visite à Lao-Taï, un village calme et tranquille dans les rizières. L’école du pays. On entre dans les salles, quel privilège, ce serait inconcevable chez nous, on est bien accueillis par les enfants d’abord puis par les enseignants. Au tableau on écrit quelques mots que les enfants recopient soigneusement : «Bonjour- Merci ». Puis c’est le thé avec la maitresse et quelques échanges sur leur système scolaire. Il est calqué sur le nôtre (reste de la colonisation), les enseignants sont tous Viets, car le pays ne peut pas risquer de laisser les ethnies s’enfermer dans leur culture. Les enseignants sont formés à peu prêt comme chez nous, mais leur statut reposent sur la passion et le dévouement qu’ils ont pour leur métier. C’est un métier reconnu important et valorisé dans l’opinion public, mais assez mal payé, ils font parti de la classe moyenne. Au Vietnam, tous les bâtiments publics sont jaunes, donc jaunes sont les écoles. Propres, décorées, pavoisées et fleuries, elles sont le reflet de l’importance qui est donné à l’Education au Vietnam.
L’après-midi, se passe dans les ethnies Daï et Dzao, c’est également très authentiques et nous apprécions vraiment Christophe et Long de nous permettre de pénétrer au cœur de cette société rurale. En fait, ils sont le contraire de «promène-couillons» ces deux là. Ils ont compris. Le voyage qu’ils nous ont concocté est vraiment extraordinaire d’émotions fortes et de découvertes réelles et authentiques. En plus ils sont tellement sympas. A eux deux ils sont la réussite de notre voyage. Le groupe en a conscience et les béni.
Au cours de cet après-midi, les appareils photos crépitent encore. Chaque photo est une vraie carte postale, c’est d’une grande beauté.
SAMEDI 28 AVRIL :
Il y a déjà plus d’une semaine que nous sommes partis de chez nous. J’ai un peu le mal de la famille…
Nous prenons notre petit-déj. sur la terrasse de l’hôtel Holiday, le panorama sur la vallée de Cat-Cat est une vraie gratification. Moment privilégié.
Le jardin botanique nous vaut une petite balade par le marché et les escaliers escarpés. Il est très fréquenté par les touristes. Il monte par étages successifs jusqu’au belvédère superbe sur Sapa et sa vallée, que l’on voit pratiquement en entier. Des fleurs et des arbres exotiques, des gens souriants et agréables beaucoup d’étrangers, et des photos. Encore et encore.
Repas chez les Zdao rouges, puis bus jusqu’ à Bac-Ha avec une terrible montée de 10°/0 pendant 3 heures.
Arrêt dans un café à mi-chemin. Les diplômes exposés aux poutres sont attribués par le gouvernement sur proposition du maire aux familles méritantes et exemplaires : Les parents travaillent bien tous les deux, les enfants sont de bons élèves à l’école, pas d’alcoolisme, ni de drogue, pas de délinquance… Certains attachent beaucoup d’importance à ces symboles et les affichent volontiers.
Bac-ha, petite cité sans grande importance, mais qui connaît chaque semaine, le dimanche une agitation toute particulière. On verra ça demain. En attendant, le palais du gouverneur nous permet, avec Long, de se retrouver au temps de la colonisation. Ce palais était le poste de commandement Hmongs. L’objectif des colons était de diviser pour régner. On armait donc volontier les Hmongs pour combattre les Viets. Visite avec explications des conditions de vie : les chambres des hommes, celles des femmes, des visiteurs (les subvisers) Français, Anglais Chinois etc.
Le poste de commandement Français se trouvait plus loin, sur une colline pour superviser. Il a été détruit. On ne voit plus que les ruines. Je pense au père de Sylvie qui a peut-être vécu dans ces conditions?
On apprend qu’après la guerre d’Indochine, une purification a eu lieu dans les éthnies collabo. Déportation, ou pure élimination.
Long nous parle de la lutte contre la drogue : Les colons organisaient la consommation et le trafic d’opium. Ils en tiraient profit. Beaucoup de truands se cachaient dans les troupes. Donc, après la guerre, il a fallu prendre ce problème au sérieux, la conso ou le trafic de drogue est vigoureusement combattu maintenant, jusqu’à la peine de mort. En fait, la drogue est la hantise du gouvernement.
DIMANCHE 29 AVRIL :
C’est le jour du marché à Bac-Ha. Entre 7 h. du matin et environ 15h. ce paisible petit village prend des allures de grande ville. Il s’agit d’un énorme marché, très authentique, très typique donc pour nous infiniment intéressant. Les appareils photos crépitent encore entre le marché aux bestiaux, où buffles, chevaux, chèvres etc. sont négociés, et celui des poissons, des légumes, de la viande ou des vêtements. On trouve des fumoirs collectifs avec les grandes pipes, des petites buvettes et des stands qui permettent de prendre les repas. Les Hmongs fleuris composent l’essentiels de la population, et proposent également leurs bibelots à marchander…Des centaines de gens se retrouvent pour donner de la couleur et de la vie à ce petit bourg le temps d’une journée. En ce qui nous concerne, il est nécessaire de prévoir de nouveaux bagages pour tout ce qu’on achète. Ça déborde!
Après le repas, une petite rando de 2h. dans la vallée de Ban-Pho où des sites magnifiques s’offrent encore à nos objectifs. Des vergers d’abricotiers ont remplacé les champs d’opium depuis la lutte contre la drogue. Les gens sont toujours souriants et prompts à nous accueillir. En échange quelques crayons ou quelques peluches ravissent les enfants.
Après le repas, nous faisons une petite rando de 2h. environ, où de nouveaux sites magnifiques s’ouvrent encore à nous. Les gens sont toujours sympas et souriants et les enfants apprécient les pluches et les crayons.. Le bus nous attend Bac-Ha ou le marché est terminé et la vie calme a repris le dessus. Descente sur Lao-Caï et visite de la zone frontalière Sino-Vietnamiene. Les Chinois sont respectés, mais crains, la dernière incursion date de 94. La région fut envahie par la troupe Chinoise en semant la terreur. L’ONU n’a pas bougé, ni condamné cette intrusion violente car il ne fallait pas froisser la Chine, Diplomatie économique oblige… Depuis ce site, on voit donc la Chine matérialisée par une grande porte de l’autre côté du pont.
Long nous dit que la paix qui est relativement récente demeure très fragile, il y a encore beaucoup de tabous d’un côté et de l’autre du pont, on sent l’angoisse dans ses propos. Il a vécu cette période et redoute qu’elle revienne,. Malgré ses craintes, la Chine reste pour lui exemplaire car son développement et son immensité imposent le respect.
Excellent repas, puis dodo-train de retour vers Hanoï, où à l’arrivée, nous attend encore un grand moment : le massage.
LUNDI 30 AVRIL :
Nous arrivons vers 5h en gare de Hanoï, les visages sont encore agars, tirés du sommeil ou d’une nuit d’insomnie, c’est selon… 5h. C’est l’heure de la séance de gym. collective sur les bords du lac. Une musique rythmée, une meneuse de gestes et tout le monde s’y met, en cadence. Les mouvements du bassin sont impressionnants et nous avons bien du mal à être aussi souples…. Hou la la ! les photos de certains !! Footing autour du lac de l’épée, puis retour à Thien-Thaï Hôtel, pour la toilette, et le frugal p’tit déj. Et on se dirige vers l’hôtel des massages. C’est une annexe de l’hôpital d’acupuncture, donc c’est du sérieux.
Les sites sont tous merveilleux, rizières, Baie D’Halong,etc. les gens passionnants, les achats intéressants, mais s’il ne devait y avoir qu’une seule raison pour revenir ici, ce serait les massages…Disons le tout de suite, rien de sensuel, ni de sexuel. Tout est professionnel et thérapeutique, en liaison avec l’acupuncture. Cet institut n’est pas réservé aux touristes. Nous c’est un privilège obtenu par Long et Christophe. Les masseuses, 2 par cabine, sont exquises, nos poils et nos ventres les font bien rire. Sans moquerie, elles nous demandent de combien est-on enceintes… Mais elles sont aussi très toniques. Les mains, les avant-bras, les coudes, les genoux et même les pieds sont utilisés. Oui les pieds! un moment, elles sont debout sur nous, après nous avoir chevauché allègrement. Heureusement qu’elles sont assez menues. On est pétris, caressés, malaxés, écrasés, chevauchés, manipulés dans tous les sens pendant une heure. Les points d’acupuncture et les méridiens sont au centre de leurs préoccupations, et on voit bien que du visage aux orteils, tout est prévu, planifié, codifié. Le corps complet est passé en revue (enfin presque) Au final, on est bien, les douleurs d’arthrose ont disparues. Cam on = merci! Bonjour les commentaires de chacun!
L’après midi, visite, démonstration, explication d’un peintre sur lacque, un lacquier : Tran Anh Tuan estartiste et Professeur à l’école des beaux arts, son épouse parle bien français. Elle explique très bien. Visite très intéressante, assortie de quelques acquisitions de ses d’œuvres.
Après cela, quelques emplettes dans les rues commerçantes d’Hanoï, particulièrement dans la rue de la Soie où l’on récupère nos commandes passées en début de séjour. Le magasin est pratiquement dévalisé, en plus, on met une ambiance qui fait bien rire les petites serveuses. Dehors, il fait toujours au alentours de 40°…
Le soir, on récupère un peu au Hanoï-Garden, Long est rentré dans sa famille ce soir, Christophe nous « chaperonne ». On s’étonne toujours des milliers de motos qui circulent assez tard à l’occasion de la fête de la Libération le lendemain.
MARDI 1ER MAI :
Nous quittons Hanoï et Thien-Thaï-Hôtel pour Maï-Chau. 3 à 4 heures de bus. A mi-chemin, Hao-Binh est une étape très typique. Le repas est pris sur une natte, assis très bas sur un coussin. Les arthrotiques souffrent un peu. La soupe est préparée sur place, devant nous. Elle est délicieuse. Un doute : le dernier plat de viande : du chien ? On en a vu en étal en venant, En est-ce?... Finalement Christophe nous dit après le repas que c’était du buffle, il ne veut pas nous faire manger du chien.
Maï-Chau : Installation dans la maison sur pilotis, chambre des moustiquaires, avec des lits-sur-nattes. Quelques photos du Vietnam rural. Des achats de produits confectionnés devant nous, trois foulards en soie pour «mes» femmes, un grand coutelât pour le jardin . Le métier à tisser et actionné par la mamy, alors que les filles et petites filles s’occupent des hôtes. C’est l’ethnie Thaï qui nous accueille. Un gîte rural familial. Dégustation de fruits exotiques : pommes-canelle, canne à sucre, ramboutans, goyaves, fruit du dragon, langanes, ananas, durians etc. C’est assez dur à digérer les fruits, surtout avant le diner, qui commence par quelques insectes grillés, avec le saké-apéritif, en hommage à l’anniversaire de Gilles, qui du coup est tout ému.
En soirée, nous avons droit à un spectacle musique et danses folkloriques locales du meilleur goût. La troupe est composée de jeunes gens et jeunes filles du pays. Un accordéon, des percu, et un instrument à corde mènent la danse. Cette musique est vraiment intéressante pour nous, elle est très éloignée de nos repères occidentaux, la gamme n’est pas la même que chez nous, les accords sont bien différents, mais finalement, elle est très rythmée et très harmonieuse. C’est magnifique, les filles sont absolument délicieuses et d’une élégance raffinée. Les sourires restent toujours accrochés aux beaux visages des danseuses. Les musiciens et les danseurs sont aussi très sympas. On fini par tous danser, invités par la troupe. Tout cela se termine par un saké au miel collectif avec des pailles (en bambou).
MERCREDI 2 MAI :
Après le petit déj. C’est un tour de vélo qui nous est proposé. Entre Maï-Chau, Pom-Cong, Chien-Chan, Xam-Koé et Van-Maï, soit un peu plus de 20kms de sites typiques et tous plus beaux les uns que les autres. On a l’occasion de s’enfoncer vraiment dans la campagne, découvrant ici, un four à briques là, une ferme d’élevage ou un pont à franchir de manière audacieuse, avec une dame plongée jusqu’au coup dans le marigot pour chercher des escargots…
A l’école maternelle, photos et peluches sont échangées. D’adorables petites billes noires nous accueillent de « Hello ! » avec un signe de la main chaleureux. C’est émouvant. Après le repas et la sieste sous la moustiquaire (réveillé par un SMS de Sylvie), c’est la rando pédestre. 2 heures sous le cagnard, un chaud soleil avec un petit vent et toujours une énorme humidité. Pour tenir : trois solutions : de l’eau, de l’eau et de l’eau. Il faut consommer beaucoup pour palier à la transpiration. On ne pisse pas, ou très peu, rarement, tout s’en va avec la sueur. Cette petite balade à travers les fermes Thaï complète notre découverte, ici les rizières s’ajoutent aux fermes d’élevage. Tout est vert, de toutes les nuances, belles, reposantes, tonifiantes, moi qui adore le vert : je suis servi.
Au retour nous avons droit à la dextérité d’une présentation de cuisine Vietnamienne par notre hôtesse, avec ciselage de légumes en fleurs de lotus confection de nems, et décoration de plats . Cette démonstration intéresse les dames au plus haut point. Les hommes complètent leur visite du village ou bien profitent du hamac pour roupiller un peu, d’autres marchandent encore quelques souvenirs.
La douche est parcimonieuse, quelques gouttes d’eau, mais c’est globalement suffisant.
La deuxième nuit sous les moustiquaires termine cette journée dans cette étape singulière car nous avons vraiment l’impression de pénétrer dans la société locale. Christophe nous dit que c’est l’étape qu’il préfère. Je suis de son avis.
Le lendemain, l’aube claire et ensoleillée nous gratifie d’un spectacle inoubliable de sérénité, les appareils photos crépitent encore. Les filles se prêtent au jeu en envoyant des gestes amicaux depuis les fenêtres de la maison au toit de chaume, quels beaux souvenirs que ces filles qui salut en souriant. Puis, on en profite pour faire «THE» photo officielle du groupe. Tout le monde est assis sur l’escalier et notre hôtesse du même coup se voit responsable d’une bonne dizaine d’appareils à faire fonctionner pour nous.
Ouh la la ! on n’est pas prêts d’oublier ça.
JEUDI 3 MAI :
Retour sur Hanoï. Après un propos de Long qui nous permet de mieux connaître et mieux comprendre le Vietnam, ses pratiques, ses usages, ses coutumes. Dans les propos de Long, on ressent toujours un amour immodéré pour son pays : extrait : « Je vais vous montrer quelque chose d’encore plus joli cet après-midi! » Réponse du groupe : « Ce n’est pas possible ! » Long :« Si c’est possible parce que c’est le Vietnam, tout y est toujours plus beau»…
Le jeu des questions-réponses « sans tabous » nous permet là encore, de mieux connaître le vie des Vietnamiens. Voici en vrac quelques détails qu’il me semble intéressant de relever : L’avortement est autorisé, la contraception très encouragée, l’homosexualité est illégale, mais elle existe et elle est tolérée malgré qu’elle soit soumise à moqueries. Le célibat est très mal ressenti après un certain âge, il signifie qu’on n’a pas été capable de trouver quelqu’un. L’animisme est une croyance prégnante, les esprits vivent partout. Autres détails,on donne pendant un moment de faux prénoms péjoratifs aux nouveaux nés pour empêcher les esprits malveillants de les envoûter. On ne dit pas « Il est beau ! » car ça peut tenter les esprits du mal à les prendre. On jette de faux billets sur la route des enterrements ou des mariages pour nourrir la route de façon à recueillir les bonnes grâces des esprits. On enterre les morts dans une direction donnée par rapport aux chiffres bienveillants de sa vie etc.
A midi, on déjeune aux « Seasons of Hanoï » puis, après le repas, réinstallation à Thien-Thaï. Une petite sieste et quartier libre de quelques heures en ville où nous pouvons faire quelques achats encore…
Ce petit tour dans la vieille ville et autour des halles se fait à nouveau sous le «cagnard» qui développe des odeurs parfois nauséabondes et peu engageantes. La saleté des rues nous rebute un peu, le découpage des tortues nous semble un peu barbare et ragoutant… Les étales sont loin de respecter les normes d’hygiène imposées en Europe, mais ça n’entame pas le tempérament cool et tranquille de ces gens qui nous paraissent particulièrement sereins.
Le resto « SEN » qui nous accueille le soir est impressionnant, le cadre est immense et il est impossible d’évaluer le nombre de clients. Les maîtres d’hôtel ont un petit micro pour communiquer à distance. Il doit y avoir plus de 100 mets à choisir et à consommer à satiété. Christophe nous dit qu’il y a peu de pauvres qui viennent diner là… Doux euphémisme…
VENDREDI 4 MAI :
Départ en matinée pour la Baie d’Halong. 4h. de route vers l’est nous permettent de nous prélasser un peu dans le bus. N’oublions pas de mentionner au passage le chauffeur qui, pour nous a beaucoup de mérite à piloter avec une aisance et sérénité dans des conditions qui nous semblent complétement loufoques… Mais relevons également son jeune auxiliaire qui, à chaque montée et descente prend soin de nous proposer un petit marche-pied adapté à un accès plus facile, nous prend gentiment le bras un par un pour nous indiquer, de l’autre main la direction.
Personnellement je trouve cela tout à fait délicat.
4h. de route entre Hanoï et Halong entrecoupées, à mi-chemin d’une halte dans un immense magasin multi-emplettes. Puis Halong, embarquement immédiat dans la jonque où nous attend le pot de l’amitié préparé par l’équipage. Découverte du bateau, puis installation dans les cabines assez luxueuses et surprenantes, ambiance climatisée, propreté parfaite, salle de bain et vue imprenable sur les rochers. On appareille et c’est le premier repas à bord. Absolument délicieux et délicatement servi par un personnel parfait en tous points, alors que commencent à défiler les premiers karsts de la Baie d’Halong, célèbre dans le monde entier, inscrite au patrimoine de l’humanité, et deux fois au patrimoine de l’UNESCO (pour sa faune et flore et pour la beauté de son site).
Le farniente sur le pont qui suit le repas nous permet de savourer un moment privilégier de nos vies. Pinsons nous pour réaliser qu’on ne rêve pas ! Personnellement, depuis le spectacle du rut des baleines à St Domingue, je n’avais jamais assisté à un spectacle aussi incroyable, ni ressenti autant d’émotion. Hou la la !...
On jette l’encre et s’organise la visite en barque des villages flottants de pêcheurs. Une soixantaine de maisons posées sur l’eau, environ 300 habitants demeurent ici dans le calme et la sérénité. La pêche, la culture des huitres perlières et l’élevage de poissons sont leur quotidien, agrémenté (si on peut dire !) de la rotation des barques de touristes venus les découvrir. Long est dans notre bateau et semble aussi ému que nous. Comme d’habitude, dans ces moments lyriques, il nous déclame des vers qui agrémentent encore l’ambiance et rendent ces instants encore plus extraordinaires.
Le retour au bateau s’agrémente d’un bon bain dans la mer de quoi? de Chine, mais Long n’est pas d’accord… Nous dirons dans l’océan Pacifique…
Puis un coucher de soleil exceptionnel sur la baie vient encore s’ajouter à notre bonheur. Les photos sont merveilleuses. On a bien conscience que ce moment est exceptionnel et restera gravé pour toujours dans l’histoire de nos vies respectives.
Repas, ou nous célébrons l’anniversaire de Maryse. Veillée sur le pont avant de regagner nos cabines pour la nuit.
SAMEDI 5 MAI :
Nous ne sommes pas réveillés par le coq ce matin, mais par les « teuf-teuf » d’un rafiot qui part pour la pêche. 5h. du matin, c’est un peu tôt, mais ça nous permet de profiter du spectacle. Finalement on n’est pas là pour dormir, mais la journée sera longue…
Le petit déj., puis on lève l’encre (au sens propre) et c’est l’appareillage pour un nouveau et différent tour entre les rochers. Une nouvelle halte pour un dernier bain. A bord l’équipage nous sort des présentoirs de bijoux : perles de cultures en colliers, en bracelets ou en boucles d’oreilles. L’occasion encore de penser à celles qui sont restées et qui sont privées de ce bonheur. Les présentoirs restent deux à trois heures sans surveillance, tout le monde peut se servir. Chez nous il y a longtemps que ce serait fait, mais là, c’est inconcevable. Il n’y a pas de risques… Bien sur dans notre groupe c’eut été impensable, mais je suppose que tous les groupes sont traités avec la même confiance… L’étale des soieries à Maï-Chau s’est faite dans les mêmes conditions, laissées toute la soirée sans surveillance… C’est vraiment un autre monde !
Le dernier repas à bord sent déjà la nostalgie de fin de séjour. Les conversations ne sont déjà plus aussi animées et aussi gaies. On débarque et le bus nous attend au port pour le retour sur Hanoï. Un dernier regard sur la baie, et, 2 heures après à nouveau le grand magasin, placé opportunément à mi-chemin pour les touristes… Dès que nous faisons un achat, la vendeuse nous demande combien de personnes dans notre groupe. Les guides reçoivent régulièrement un petit cadeau au prorata du nombre de clients introduit dans le magasin. Tant mieux pour eux…
Les explications de Long nous interpellent encore : Pendant la guerre, le napalm a fait de nombreux ravages dans la population civile. Les brulures furent atroces, et demeurent encore apparentes, mais le gaz orange (couleur des bidons dans lequel il était conditionné) fut bien plus terrible. Sa perversité est d’introduire des éléments dans la chaine ADN et de modifier celle ci. Ainsi les générations peuvent se transmettre de terribles séquelles, qui sont autant de handicaps définitifs : corps déformés, absence d’yeux etc. et ceci pour très longtemps encore. Ces conséquences de la guerre sont aussi lourdes que les mines sur lesquelles sautent encore de pauvres gens. Il ajoute que le Vietnam a été le pays au monde qui fut le plus bombardé 45 tonnes de bombes au km/carré.
La société Vietnamienne prend en charge cette population meurtrie et leur propose notamment des emplois dans ces grands magasins entant que sculpteurs, peintres, graveurs, couturiers etc. ils travaillent devant nous et vendent directement le produit de leur travail.
Nous arrivons à Hanoï vers le milieu de l’après-midi pour un nouveau quartier libre ou chacun dépensera ses derniers dongs (l’organisation offre les boissons au dernier repas). Retour dans la vieille ville si pittoresque puis dernier repas ici, en terrasse d’un café sous une pluie tropicale.
Enfin, c’est l’aéroport, les formalités, puis on voit l’émotion grandir, le tour des yeux rougir au moment de la séparation. Christophe ne rentre pas avec nous, il reste en famille pour quelques jours de vacances supplémentaires.
Long ne déroge pas à ses traditions, on n’embrasse pas ici. C’est un peu frustrant pour les dames qui voulaient lui signifier leur reconnaissance en lui faisant une grosse bise bien française..
Quelques 12h plus tard, Roissy, récupération des bagages, le bus Girardot nous attend pour rentrer. Au retour, deux heures d’avance sur Sylvie et Paul qui rentrent de la Côte d’Azur, me permettent de décharger ma valise puis d’exposer sur la table de la salle tous mes cadeaux souvenirs. Chaleureuses retrouvailles, où chacun a droit à un temps de parole précis pour raconter ses vacances (je plaisante…) Seul réconfort dans cette soirée de nostalgie : nous avons changé de Président. Tant pis pour Long, c’est Hollande…
FIN.
Annexe :
Le trafic :
L’une des choses les plus surprenantes à Hanoï et au Vietnam : c’est le trafic et la façon bien particulière qu’on les gens d’ici, de rouler en auto :
La ville de Hanoï connaît un trafic particulier et original pour un occidental, avec un brouhaha épouvantable.
D’abord vu le prix des autos, rendu excessif par les taxes, 85°/0 des adultes ont un véhicule deux roues-moteurs entre la mobylette, le scooter et la moto. C’est leur principal moyen de transport, pas de métro et les bus n’existent pratiquement pas. Cela provoque un nombre incalculable de ces deux-roues avec quelques autos bien moins nombreuses.
Dans les rues de la ville, c’est la loi de l’équilibre et de l’audace qui règne. Tout le monde se frayant un passage dans la marée à coup de klaxon. Il n’y a pas de code de la route, du moins il n’est pas respecté du tout. La règle: c’est le regard et le sourire. Observons les bien! on ne roule pas vite et on n’a jamais vu d’excités. On regarde et on anticipe sur ce que fera l’autre, un coup de klaxon, un sourire et le tour et joué. L’utilisation du klaxon n’a pas la même signification que chez nous : elle veut dire « pardon ! » « j’arrive ! » « je passe ! » « S’il vous plait !» « Excusez-moi ! » mais en aucun cas il est synonyme d’insultes ou de vilains gestes comme chez nous. Le coup de klaxon est généralement accompagné d’un sourire complice. Je veux dire qu’à partir du moment où l’on prend possession d’un véhicule, on ne devient pas un imbécile et les autres ne deviennent pas des ennemis comme dans d’autres pays…
Les motos sont parfois chargées de cargaisons insolites : des planches, des tubes, des animaux y compris des buffles, du mobilier en tout genre et en campagne tout ce qu’on peut imaginer est transportable à moto.
En ville, pour traverser la route : suivons les conseils de Christophe car se frayer un passage entre les véhicules : ça, c’est l’aventure! :
Leçon 1 : Il faut s’engager sans peur (ou en donnant l’impression !) doucement, en regardant bien autour de soi, prendre une allure sure de soi (tu parles !), regarder les regards, ne pas s’arrêter, ne pas accélérer, ni courir. On avance et ça marche les gens s’arrêtent pour nous. La première moitié de la rue est passée, il reste l’autre: pareil mais on reste vigilant. Ouf ! on arrive de l’autre côté on se compte les membres, on se frotte les yeux, on vérifie si tout est là: c’est bon…
2e leçon : Traverser une rue à sens unique : C’est la même chose, mais attention surprise ! ça roule dans les deux sens…
Aux feux rouges généralement tout le monde s’arrête 30 sec, mais comme les feux sont décomptés, lorsqu’il reste 5 à 6 secondes les motos s’engagent… Attention !
De toutes manières, nous dit Long, les gendarmes ne peuvent pas arrêter les contrevenants, ils ne sont pas assez nombreux.
Sur les routes de campagne, c’est tout aussi folklo : la ligne blanche est plutôt décorative, on double si on veut, quand on veut, comme on veut, en virage ou en ligne droite, en 2e, 3e voir 4e position si on le veut. S’il y a quelqu’un en face, klaxon, il se sert ou s’arrête ou bien on se range et on attend un peu un clin d’œil, un petit signe et tout va bien.
On n’a vu que deux petits accrochages en 15 jours mais jamais d’accidents sérieux.
Quel pays formidable !
Les filles… et les garçons !
« Les filles sont jolies dès que le printemps est là !...» chantais H. Auffray, au Vietnam, elles sont jolies tout l’temps, même après le printemps !… Ces jolies visages aux yeux bridés, ces crinières brunes et ces sourires permanents sont tout simplement merveilleux. En tout bien tout honneur bien sur, car la différence d’âge ne m’autorise qu’à les admirer, 70°/0 de la population ayant moins de 30 ans…
L’hao-day est la tenue traditionnelle : une tunique colorée du meilleur goût, fermée au cou, avec un pantalon assorti rendent les filles encore plus « croquignolettes ». Ne pas manquer ce petit triangle de chaque côté que découvre délicatement la tunique fendue à chaque geste en hauteur. Long nous dit que c’est le triangle d’incitation, moi, je pense plutôt à l’excitation,… C’est selon… En tout cas c’est merveilleux.
Si parfois les dames portent un masque et se couvrent le dessus des mains, c’est que la mode n’est pas aux peaux bronzées, il faut se préserver du soleil.
Les garçons eux sont comme leurs femmes assez petits, mais un sourire permanent leur traverse le visage, d’ailleurs, à bien les regarder, on se rend compte que le regard et le sourire sont de véritables objets de communication. Ils échangent avec ça! Et tout se règle ainsi, dans la rue, dans les commerces ou les campagnes. Franz Léhard ne parlait-il pas du « Pays du sourire » dans son opérette ?
Voilà un peuple qui respire le bonheur. Long nous dit que le pays est en paix maintenant (depuis peu), que tout le monde aime le travail et a du travail, que chacun peut manger… On est donc heureux au Vietnam, et ça se voit.
Il faut avoir été accueilli par les enfants des écoles tous rangés derrière la barrière de leur école à nous saluer de leurs «Hello!» avec une petit signe de la main. Pénétrer dans l’école ne pose pas de problème, le sourire est à l’accueil y compris celui des enseignants qui nous permettent d’écrire au tableau les mots de salutations aussitôt recopier avec application par les petits. Puis le thé nous permet d’échanger sur la vie scolaire et nos métiers respectifs. Avant de partir on glisse un billets dans l’urne de l’école : geste confraternel, ou bien on distribue quelques crayons prévus par Maryse.
LONG : notre guide.
Long est un personnage. A 35 ans, c‘est agrégé de Français, sorti Normale sup. (Vietnam), professeur défroqué est le guide attitré de « baladesavecza.fr » dont il est associé avec Chritophe.
Il est doté d’une mémoire prodigieuse qu’il n’a pas tardée à mettre à l’épreuve dès notre arrivée en assimilant d’un jet nos prénoms à nos visages.
Sa culture multiforme ne nous permet pas de distinguer en lui le poète, le philosophe, le sociologue ou l’historien : Il est tout à la foi.
Il est encore plus attachant lorsqu’il affiche pour nous ses qualités humaines. Francophile à plein cœur, il fait aimer son pays avec passion et compétence. Malgré son parler parfait, et ses connaissances étonnantes sur nos vies et notre culture, il n’a jamais mis un pied en France. C’est son paradoxe.
Libéral et Sarkosyste convaincu, Long aime a annoncer la couleur clairement entre deux cigarettes : le Développement est sa priorité. Tout le reste dit-il vient après, en nous rappelant, comme pour se justifier ses origines modestes paysannes, et les derniers tickets de rationnement qu’il a lui-même connu. Le Vietnam est en paix depuis peu de temps, rappelle t-il.
Son éternel sourire et ses fourires mitraillettes nous manqueront dès notre retour…
Il faut avoir observé les visages du groupe, à l’écoute de ses explications pour comprendre son charisme. Quel enseignant ne rêverait-il pas de captiver l’attention de son auditoire comme le fait Long quand il nous parle.
Ouh la la ! voguer dans le calme de la Baie d’Halong, entre les fameux rochers, un soir au coucher du soleil au rythme doux des vers romantiques déclamés par notre ami…Ça : c’est le bonheur intégral.
«On ne voit bien qu’avec le cœur» nous apprenait le Petit Prince de St Ex…C’est bien ainsi, avec le cœur, que Long nous a montré son pays pendant ce séjour.
2 anecdotes pour situer l’ambiance :
Leçon d’étymologie avec Long : « Copain, ça vient de co, avec, et de pain, le copain, c’est celui avec lequel on partage le pain ».
« Ah oui ! et avec copine ? on partage quoi ?... »
Extrait d’un dialogue entre Christophe et Long :
Christophe : «Il ne manque personne Long? tu les as compté en montant dans le bus ? »
Réponse de Long : « Quand on aime, on ne compte pas ! »
Voilà l’ambiance…
CAM ON LONG.
Ce texte n’a été relu qu’une seule fois… Comprenez en les imperfections…
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